Effacements successifs qui produisent — par transparence (ou opacité) — des mots illisibles : mais écriture exhibée comme telle, déchirée à coups d’averses, ruines édifiées hautes par tout ce qui voudrait l’annuler.
Au coin de la rue, effacements sur chaque façade : je m’arrête pour lire ce que je ne peux déchiffrer. Ainsi dans les métros, combien j’ai toujours été fasciné par ces colleurs d’affiches qui tendent à toute vitesse les quatre par trois en appliquant leur colle et le papier de (…)
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_villes
Articles
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effacements
4 avril 2010, par arnaud maïsetti -
la forme des lettres change plus vite, hélas, que le cœur de la ville
22 novembre 2010, par arnaud maïsettiCity Talks (Syd Matters)
Andromaque, je pense à vous ! Ce petit fleuve, Pauvre et triste miroir où jadis resplendit L’immense majesté de vos douleurs de veuve, Ce Simoïs menteur qui par vos pleurs grandit,
A fécondé soudain ma mémoire fertile, Comme je traversais le nouveau Carrousel. Le vieux Paris n’est plus (la forme d’une ville Change plus vite, hélas ! que le coeur d’un mortel) ; C. Baudelaire Le Cygne
Jusqu’à la fin, on lirait la ville sur elle, il suffirait de suivre du (…) -
Marseille ville urbaine traitée néfastement
27 février 2015, par arnaud maïsettiLes villes sont faites pour arrêter, déterminer, interrompre, séparer ; on le sait depuis toujours ; depuis le soc de la charrue autour de la colline qui disait ce sera là, et au-delà seront les menaces et les guerres. Et commença la guerre menée dans la ville, avec des rues tracées pour fabriquer autant de frontières, de dedans et de dehors qui attribuent les menaces et justifent ces combats. Des bannis aux banlieues, on le sait depuis toujours, que la ville fabrique la matière de sa (…)
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manifestement
8 septembre 2010, par arnaud maïsettiI Walk The Line (Johnny Cash)
Si tu chantes La Marseillaise pourquoi faut-il qu’il te déplaise de la chanter sur l’air de complainte sensible de tel petit navire au mousse comestible.
Place de Grève, pas de potence, juste des feux rouges (ou verts ?) enveloppés — avant usage, sans doute : ou par pudeur — ; serviront bientôt pour la marche aux pas, dans l’ordre et la discipline : pour éviter les carnages aux carrefours, aussi. C’est utile. Enfin : pendant ce temps, les feux ne sont ni aux (…) -
la clé de voûte
8 juin 2010, par arnaud maïsettiMiddle Classe Men (Syd Matters, "Someday We Will Foresee Obstacles", 2005)
Sleepless children / Dying seeds Middle class men / Are oldre kids Ce qui fait obstacle à l’histoire, quand je me tiens devant les masses inertes et noires des temples, des palais, les façades hautes des plus grands tribunaux, c’est tout le poids des années qui nous rend le passé défait, déjà accompli, comme déroulé jusqu’à nous le rôle de toutes les scènes : pensées faciles, oui, dites mille fois — ce qui fait (…) -
de la plus haute tour
21 août 2009, par arnaud maïsettiDe la plus haute tour, on se tiendrait au-dessus du vent : on ne verrait de son ombre qu’une petite tache de sueur enfoncée dans le sol ; on serait là en bonne place pour le regret — de là, le sol paraît si loin et le ciel possible : la chute si désirable qu’il suffit de se pencher pour voir son corps tomber.
Oisive jeunesse A tout asservie,
De la plus haute tour où je suis (chaque ville fait une place dans ses périphéries un peu honteuses à la plus haute tour : je ne mets jamais (…) -
éphéméride de chaque minute
24 mars 2010, par arnaud maïsettiAu matin, on commence le jour ébloui ; les volets ne sont pas assez forts pour empêcher le réveil, l’horizontalité de la lumière qui crève les yeux et on n’y voit rien — c’est qu’on commence à voir.
On réapprend : voir, respirer, marcher, s’orienter dans le temps et l’espace — tout cela qui fait violence et effraction dans la liquidité du sommeil. Comme au premier jour de notre vie, les poumons se déplient au fond de soi pour perforer le corps, et dans la bouche on a ce goût acide du (…) -
aube du soir
28 décembre 2010, par arnaud maïsettiAt The Crack Of Dawn (Etienne Jaumet, ’Night Music’, 2009)
« L’aube d’or et la soirée frissonnante trouvent notre brick au large en face de cette villa et de ses dépendances qui forment un promontoire aussi étendu que l’Épire et le Péloponnèse, ou que la grande île du Japon, ou que l’Arabie ! » A. Rimbaud (Illuminations, ’Promontoire’)
S’il y a quatre coins de la ville, j’en possède deux : l’un à l’ouest, sur les toits des échoppes qui font ricocher l’horizon de la ville, irrégulière, (…) -
à peine (réveillé)
22 février 2010, par arnaud maïsettiJournée passée à la regarder passer : à ma gauche, ma table de travail est encombrée de livres qui arrêtent la pensée plus qu’ils ne la produisent ; à ma droite, l’appareil photo qui ne délivre pas.
Devant moi, j’ai bien l’écran ouvert, les courriers et le bruit du monde — ça ne suffit pas. Alors, je m’entoure de musique pour ne pas tomber dans le silence, pas trop.
Mais c’est sans doute d’être malade depuis trois jours, de ne pas dormir la nuit et de traverser le jour à peine réveillé (…) -
hâte ; et bascule
4 mai 2010, par arnaud maïsettiDernières bourrasques de vent, derniers souffles froids — aigrette au bout des doigts qui mord ; et le dos courbé une dernier fois pour remonter les rues, je longe Boulevard Clichy vers La Fourche, six heures du matin vide comme une terre de vigne en avril ; lointain aussi ; dense des foules évanouies — et malgré moi je sens dans tout ce froid des saints de glace les promesses de chaleurs pesantes en lesquelles je me sens tellement mieux.
Plus tard, dans quelques semaines, quand trente (…) -
angles durs
24 août 2010, par arnaud maïsetti« L’expression est pour moi la seule ressource. La rage froide de l’expression. » Francis Ponge I’m Going in (Lhasa De Sela ; ’Lhasa’ 2009) S’être heurté toute la journée dans les angles, à chaque coin de rue : c’est d’abord, comme toujours, de ne pas trouver les livres qu’il faut à la bibliothèque — comme toujours. Ensuite de trouver porte close aux endroits de la ville ouverts sans doute hier, et ouverts de nouveau demain : mais aujourd’hui, non.
La chaleur dehors est insupportable — (…) -
les mille rapides ornières de la route humide
3 décembre 2011, par arnaud maïsettiJe jetai, par dessus le parapet, le canif qui m’avait servi à graver les lettres ; et, faisant quelques rapides réflexions sur le caractère du Créateur en enfance, qui devait encore, hélas ! pendant bien de temps, faire souffrir l’humanité (l’éternité est longue), soit par les cruautés exercées, soit par le spectacle ignoble des chancres qu’occasionne un grand vice, je fermai les yeux, comme un homme ivre, à la pensée d’avoir un tel être pour ennemi, et je repris, avec tristesse, mon chemin, (…)
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aucune succursale
7 juillet 2010, par arnaud maïsettiDescendre la rue mille fois, et ne jamais lever les yeux sur les façades qui sont plus qu’un décor, l’élément dans lequel on évolue, un prolongement de ses pas — et la mille et unième fois (coup de vent plus féroce, soleil plus brutal, seconde d’inattention) apercevoir le panneau peint au-dessus de la porte.
D’époque sans doute (de quelle époque ?), et il y a ce mot étrange mais bien à sa place, témoin de l’ancienne fonction de ce lieu —
(su-kur-sa-l’) adj. f.
Église succursale, église (…) -
merveille du dehors (des jardins dans le mirage)
21 janvier 2013, par arnaud maïsettic’est la ville entière qu’ils nous avaient laissée, vide, et nous, au contraire : tout ce blanc qui emplit : de l’avoir espéré si différente ; et alors, quoi ? marcher un peu.
Devant la demeure, arrête-toi, pleure les ruines Interroge les vestiges « Où sont les bien-aimés ? par où partirent les chameaux ? Combien et combien de déserts parcourus ? »
Le froid quand il tombe ainsi, qu’il ne prévient pas (c’est faux, déjà vendredi soir : mais très vite samedi avait tout effacé, que de la (…) -
entrailles des villes
23 juin 2010, par arnaud maïsettiAnywhere On This Road (Lhasa, ’The Living Road’, 2003)
Though your body is bending / Under the load There is nowhere to stop / Anywhere on this road On construit une route tout près de l’endroit où je vis. Ce n’est pas vraiment une route, et on ne la construit pas vraiment : entre deux artères de la ville, on aménage un accès. Opération banale, personne dans la ville ne jette un œil sur le cœur ouvert, les fils qui ressortent du sol, les profondeurs à nu.
C’est obscène, la ville qui (…) -
défaites
25 mars 2010, par arnaud maïsettiEt au matin, dans le train qui m’emmenait, le jour a fini par se faire : s’établir, défaire dans la même temps ses possibilités — défaire en moi le nœud coulant du jour précédent.
Et tout autour, terre de désastre : la plaine qui défilait au-dehors sous l’allongement du train a battu en retraite les colères, vaines, éteintes sous le jour qui commençait. C’était le matin qui se faisait sans durée, sans imminence, dans l’après-coup du jour : dans le déjà-là partout répandu en désordre. (…) -
entr’ouvert
11 février 2011, par arnaud maïsettiA Wolf At The Door (Radiohead, ’Hail To The Theif’, 2003) Je dévie. Le bon chemin passe par un fil qui n’est cependant pas tendu en hauteur mais ras du sol. ll semble plus destiné à faire trébucher qu’à être emprunté.
Franz Kafka (Journal, Cahier G., 19 octobre 1917)
Longtemps qu’au proverbe vieilli et de bon sens, celui qui veut qu’une porte soit ouverte ou fermée, j’oppose les aberrations intimes qui le démente : tout ce mouvement des choses autour de moi cette semaine (sans doute la (…) -
au revers
7 janvier 2010, par arnaud maïsettiJe possède au revers de moi tout ce que je ne suis pas, tout ce que la nuit en secret je confie à la part de moi la plus enfouie. Si je voulais en faire le portrait, je commencerai sans doute par dessiner les yeux avant les contours du visage, et sur les lèvres, je tracerai à la hâte, comme un enfant, des larmes de sang, noires.
Le rêve tait ces choses là : le rêve censure plus qu’il ne dévoile — alors, si je cherche à savoir ce que la part la plus enfouie de moi cherche à me dire dans les (…) -
corps noir
23 avril 2010, par arnaud maïsettiL’usure du temps va plus vite que le temps — on le voit dans les corps passés, on le voit aux visages, aux mains trop lourdes, aux jambes trop cassantes sous le poids des souvenirs qui se défont. On le voit aussi à l’importance qu’on cesse d’apporter aux mouvements du monde qui ne concernent plus et devant lesquels un haussement d’épaules suffit à dire : j’ai déjà vu ça, alors peu importe.
Aurais-je le temps du visage défoncé, du corps latent, traces plutôt que portes aux cernes condamnées (…) -
morsures à l’appel du temps
12 avril 2011, par arnaud maïsettiSuck Young Blood (Your time is up) (Radiohead, ’Hail To The Theif’, 2003)
Ai-je le pouvoir de mourir ? Un Coup de dés jamais n’abolira le hasard est comme la réponse où demeure cette question. Et la « réponse » nous laisse pressentir que le mouvement qui, dans l’œuvre, est expérience, approche et usage de la mort, n’est pas celui de la possibilité — fût-ce la possibilité du néant —, mais l’approche du point où l’œuvre est à l’épreuve de l’impossibilité.
Maurice Blanchot, L’espace (…)
