voir, partout où le refus de vivre est inutile, où commencer à marcher, et marcher ; considérer la ville comme ma seconde nature à l’herbe coupée haute dans la gorge où crier ; oh n’être que l’ombre de moi-même, allongée au soleil découpée à la hache par les immeubles là-haut, et sauter par-dessus elle comme à colin-maillard, ou saute moutons je ne sais plus, épervier, tous ces jeux d’enfants cruels et sublimes, je les suis,
oh n’être que l’ombre de moi-même pour dresser sur ma vie ce miroir sans reflet (...)
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_Journal | contretemps
Articles
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l’ombre de moi-même
21 mars 2012, par arnaud maïsetti -
à présent, comment serait-ce possible ?
13 mai 2021, par arnaud maïsetti13 mai 2021
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chaque jour suffit sa pierre
30 août 2010, par arnaud maïsettiAs The Dawn Breaks (Richard Hawley, ’Truelove’s Gutter’ 2009) N’ai jamais été sensible à la vieille légende de Sisyphe — sans doute à cause de la lecture de Camus, psychologisation ridicule — : quand il s’agit d’envisager la succession du jour, un soir comme ce soir où la journée sera identique à demain, j’ai en tête les gros blocs de pierre des Bories, insensés, impossibles à dater (parce qu’élevés rigoureusement selon la même méthode : dès lors, comment savoir si tel ensemble a été construit il y a dix (...)
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en attendant, ne rien attendre
4 septembre 2016, par arnaud maïsettiBob Dylan, ’Can’t Wait’ (Time Out of Mind, 1997) Le langage n’est pas la vie, il donne des ordres à la vie ; la vie ne parle pas, elle écoute et attend.
Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille Plateaux, p. 95-96. À la recherche des signes, on perd souvent sa propre trace. J’aurai tant aimé la ville et je m’en éloigne, de plus en plus : pour mieux (me dis-je et me console) en retrouver la violence, la déchirure, la beauté terrible et nécessaire. La ville est comme sa terre : on ne peut l’éprouver qu’en (...) -
une déperdition constante
4 juin 2022, par arnaud maïsetti[Journal • 04.06.22]
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entre les stèles, la ville
28 mai 2014, par arnaud maïsettiDehors, l’immensité de la neige, à perte de vue. Cette espèce de vapeur blanche, épaisse, s’élevant des champs, de la route, du fleuve, de partout où le vent peut soulever la neige en rafales. La poudrerie efface les pistes et les routes. La pensée de l’anse de Kamouraska, en vrille dans ma tête. La vibration de cette pensée faisant son chemin dans ma tête. La résistance de mes os.
Anne Hébert, Karamouska
On marche entre les tombes qu’on ne voit pas ; les stèles sont les murs levés des immeubles. Dans (...) -
« Napoléon en haillons (et les mots qu’il disait) »
29 décembre 2011, par arnaud maïsetti[…] Princess on the steeple and all the pretty people They’re drinkin’, thinkin’ that they got it made Exchanging all kinds of precious gifts and things But you’d better lift your diamond ring, you’d better pawn it babe You used to be so amused At Napoleon in rags and the language that he used Go to him now, he calls you, you can’t refuse When you got nothing, you got nothing to lose You’re invisible now, you got no secrets to conceal. […] (no direction (...)
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un monde à l’ancre
23 mars 2020, par arnaud maïsettiEn 1880 et quelques, un docteur français du nom de Yersin, qui travaille sur des cadavres d’Indo-Chinois morts de la peste, isole un de ces têtards au crâne arrondi, et à la queue courte, qu’on ne décèle qu’au microscope et il appelle cela le microbe de la peste. Ce n’est là à mes yeux qu’un élément matériel plus petit, infiniment plus petit, qui apparaît à un moment quelconque du développement du virus, mais cela ne m’explique en rien la peste. […] De tout ceci ressort la physionomie spirituelle d’un mal (...)
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frontières ; aubes
12 avril 2010, par arnaud maïsettiMoments de respiration avant de nouveau. Passer quelques jours où lire seulement, parce que — et prendre note sur feuilles volantes des plans de bataille pour les prochaines semaines : pensées à Grouchy, à Blücher, prince de Wahlstat : aux retards toujours sur le compte juste des heures qui font pencher le sort des victoires.
C’est il y a deux jours que ma montre, arrêtée depuis un mois (mais montre que je continue de porter peut-être moins par habitude que par superstition) s’est remise en route : (...) -
les caves-aux-fièvres
27 juillet 2010, par arnaud maïsettiDans cette campagne, on peut voir le ciel, la nuit, entre Tours et Chinon : là où la Loire et la Vienne se rejoignent au pied de l’église de Candes, il y a cette route qu’on descend à vélo, vite, on sent la route aller, sans frayeur, aucune voiture jamais, et des virages pour voir loin —
Sur le côté, recouverts en partie et en partie seulement par les herbes hautes, ces sortes de grotte qu’on ne voit bien que si on met pied à terre ; on s’y faufile entre les serpents et les ronces ; tout de suite on (...) -
prendre le chemin perdu dans la forêt des signes
24 octobre 2017, par arnaud maïsettiNous sommes deux abîmes face à face – un puits contemplant le Ciel.
Pessoa Cette image du chemin de fer dans la forêt qui me poursuit – l’image, et non pas le chemin de fer, même si dans le rêve, un train lancé lentement venait me rejoindre, et me traverser, sans douleur –, comment la comprendre autrement que comme un signe, jeté en désespoir de cause ?
Lire Pessoa ce soir, pour arrêter les pensées, accable : aucune phrase n’est juste, ce soir. Je lis Pessoa toujours comme un oracle : le livre ouvert (...) -
passe à travers les larmes
13 octobre 2018, par arnaud maïsetti13 octobre 2018
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manque de carnage
5 décembre 2010, par arnaud maïsettiGreen Gloves (The National, Boxer, 2007)
L’ennui : manque de carnage. Dans les bonnes époques, il est une préparation. Henri Michaux (Passages, Notes au lieu d’actes’
Je me frotterais bien aux angles durs de cet immeuble, histoire de voir ce qu’il restera de ma peau, et de mes maladies, de mes langages trop souvent usés, histoire de voir ce qui sortira vivant en tout cas ; et si rien, je comprendrais, mais je n’accepterais pas.
D’ennuis en ennuis (je veux dire : d’habitudes en habitudes), il (...) -
c’était marcher
16 octobre 2016, par arnaud maïsettiLa crevaison pour le monde qui va. C’est la vraie marche. En avant, route !
Rimb.
Bob Dylan, Ain’t talkin’ (Modern Times, 2006) Seulement marcher – c’était, dans le contre-jour en descendant la Canebière, le mouvement, l’allure, l’aveuglement aussi, et la pulsation : face au jour qui s’effondrait de si haut, brûler ces jours. En fins de semaine, se retourner sur les causes d’un dimanche est toujours décevant : lundi, mardi, mercredi et fatalement jusqu’à cette ombre-là jetée devant soi comme un (...) -
ne serait-ce qu’implorer son rêve,
22 avril 2020, par arnaud maïsetti22 avril 2020
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monocordes
28 février 2011, par arnaud maïsettiAdagio For TRON (Daft Punk, ’Tron : Legacy’, 2010)
MONOCORDE (mo-no-kor-d’) s. m.
1° Terme de musique dans l’antiquité. Instrument à une seule corde, en usage chez les Grecs, qui en jouaient en promenant sous la corde un chevalet mobile et pinçant la partie libre.
2° Instrument sur lequel il y a une seule corde tendue et divisée suivant certaines proportions pour connaître les différents intervalles des tons. Les monocordes, appelés aussi clavicordes.... sont fort agréables quand on les joue tout (...) -
à quai
15 octobre 2010, par arnaud maïsettiI might float (Syd Matters, ’BrotherOcean’, 2010)
Combien, ô voyageur, ce paysage blême Te mira blême toi-même, Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées Tes espérances noyées ! Paul Verlaine, Romances Sans Paroles (Ariettes oubliées, IX) (Mai, juin 1872)
Suis resté à quai — impossible de prendre le train ce matin : Paris est séparé de moi par une longue grève de sable et de ballast fins — complets, ou annulés, ou plus accessibles à la réservation, les trains me sont décidément interdits : (...) -
gloire au Sophora (solitude des villes plantées ailleurs)
21 août 2013, par arnaud maïsettiC’est de Chine que vient le Sophora du Japon — toutes les terres qu’on atteignait après deux jours de marche, j’imagine qu’on devait les appeler Japon, c’était plus simple, et plus juste : est-ce qu’il y a des terres plus à l’est que le Japon ? De Chine pourtant, et non pas de Japon : quelques graines envoyées en France par un savant, naturaliste, ou aventurier, tout ce qu’on ne sera plus jamais : un de ces types qui posaient les pieds sur des collines inconnues (sauf de ceux qui les habitaient depuis (...)
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automne, loin des gens qui meurent sur les saisons
26 octobre 2015, par arnaud maïsettiDes feuilles comme des cadavres encore vifs. La ville et mon bureau en sont jonchés. Hier encore, c’était l’été étouffant ; écrire pour en finir. Et puis, maintenant ? De l’été, je possède encore la trace, plus qu’un souvenir, sa brûlure. Et des pages, rien, si peu. Ce matin, les feuilles qui recouvrent le sol sont des souvenirs perdus – comme des combats perdus – dessinent un chemin qui vient se perdre loin devant soi, vers l’hiver et les nuits longues, la morsure moins féroce du ciel.
Les mots de (...) -
il n’est pas bien organisé le temps
18 février 2011, par arnaud maïsettiCodex (Radiohead, ’The King of Limbs’, 2011)
David Christoffel — Le temps ?
Christophe Tarkos — Le temps ? Il n’est pas bien organisé le temps, il est même désorganisé ; alors, d’un côté, on va voir très lentement nos cheveux qui blanchissent et nos dents qui noircissent, mais, à part ce mouvement qui est très lent, le temps lui-même est de façon flagrante désorganisé, c’est-à-dire qu’il n’avance pas d’un seul côté mais on peut voir qu’il nous prend de revers, il nous prend de travers, il traverse, il part (...)